Nous aimons la mère d’Alexandre, et la mère d’Alexandre est morte. Comme lui, nous apprenons à vivre sans elle. Pas de lyrisme, pas de mélodrame sur ce sujet douloureux par excellence. Pas de description non plus des derniers jours, de la déchéance physique imposée par la maladie. Non, aucune de ces choses. Juste des mots, des questions, une description distanciée des premiers pas dans l’absence. Des souvenirs aussi, et en parallèle, la souffrance d’un peuple. Allain Glykos écrit sa propre douleur, elle devient la nôtre.
« C’est mon premier premier janvier sans ma mère, Lena. Durant un an, chaque jour sera un premier jour sans ma mère. Premier printemps, premier Lundi de Pâques, première cerise, premier anniversaire. Elle n’appellera pas. Bon anniversaire mon grand. Et Alexandre passerait parce qu’elle aurait un petit quelque chose pour lui. Premier premier mai, avec le brin de muguet qu’elle aurait mis dans un verre de moutarde imprimé d’un personnage de bande dessinée dont elle ne connaissait même pas le nom.»
Les mots d’Allain Glykos nous enveloppent de leur douceur, parfois ils rejoignent tellement notre souffrance qu’ils peuvent faire mal, mais jamais longtemps, jamais sans nous apaiser juste après. De cette écriture, élégante, et surtout sensible, surgissent des images cristallines qui nous suivent tout au long de notre lecture, et nous accompagnent longtemps après la fermeture du livre.
Allain Glykos est publié essentiellement chez l’Escampette. Faute de parler (2005) est le troisième roman d’un cycle sur la famille débuté en 1997 avec Parle-moi de Manolis, puis Le silence de chacun, paru en 2002. Son dernier ouvrage, Aller au Diable, est paru en 2007.