jeudi 24 juin 2010

Là où dansent les morts, Tony Hillerman

Si nous étions en période olympique, je dirais, pudiquement, que je vais essayer de rallumer une petite flamme qui vacille...

:-)

Jusqu'à présent, mes connaissances effectives en roman policier étaient limitées, en gros, à Agatha Christie, Fred Vargas, Alexander McCall Smith. Une misère, il était temps de réparer ça.

Un jeune homme, choisi pour personnifier le Petit Dieu du Feu lors d'une cérémonie de zuni (une tribu indienne), disparaît. George,son ami, un jeune indien navajo, disparaît aussi.
On demande alors à Joe Leaphorn, policier navajo, d'enquêter sur ces disparitions.
Après un début difficile, j'ai été littéralement envoûtée par ce roman. Il faut accepter d'entrer dans les cultures navajo et zuni, accepter de penser à leur manière.
L'intrigue est très lente, pourtant plus on approche de la fin, plus on retient son souffle, on ne comprend rien, on réfléchit dans tous les sens. Et soudain on comprend. Que dire de plus? L'écriture est magnifique, l'auteur parvient même à nous faire vivre de l'intérieur la beauté des paysages de l'Oklahoma.

Je crois que je vais lire un peu de roman policier.

samedi 11 avril 2009

Les méduses sont débordées

Non ce blog n'est pas mort, les deux méduses ont eu fort à faire avec leur installation à l'étranger mais promis dès que possible... elles s'y remettent.

jeudi 26 février 2009

Le Mineur - Natsumé Sôseki

Ceci n'est pas un roman. Nous voici prévenus par cet étrange jeune homme sans nom, sans visage. Je l'imagine pâle et c'est là tout ce que mon esprit arrive à inventer à partir des propos de ce personnage. Il fuit Tokyo, il veut mourir. Il est cependant pris au piège par un maquignon qui le convainc de venir travailler à la mine où il gagnera beaucoup d'argent. Désemparé, il accepte et, après un voyage cauchemardesque, il descend tout au fond de la mine, touche du doigt la déchéance. Il croit mourir; qu'il reste dans ce cauchemar ou qu'il rentre à Tokyo, peu importe, car ceci n'est pas un roman.
Je vous livre en vrac les raisons pour lesquelles je vous conseille ce roman de toutes mes forces: précision chirurgicale de l'écriture, acuité des perceptions, finesse des analyses psychologiques, réflexion sur la littérature, sur le temps, sur la jeunesse...

Le Mineur, Natsume Sôseki, Livre de Poche.

lundi 2 février 2009

Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur - JM Barnaud

Quelque part sur la mer, le capitaine d'une goélette écrit à sa femme. Voici cinq de ses lettres, inspirées par l'attente du retour, les dangers, la sensualité de la mer, par les tourments nocturnes qui hantent parfois celui qui place sa confiance en l'océan... Ces lettres nous invitent également à une réflexion et un voyage intérieur, favorisés par la beauté et la force des images invoquées par le poète. Les illustrations de Laurence Jeannest nous aident à nous évader, à entrer dans une douce rêverie que l'on n'a guère envie de quitter.
D'un point de vue plus personnel, j'ai été particulièrement touchée par ces quelques lignes:

"Car les nuits
où cependant la brise est fidèle
et la mer sans ruse
- les claquements de toile,
l'eau contre la muraille,
les membrures
qui jouent dans la chambre
n'étant rien que la peau du monde
où s'abrite le silence -
ces nuits-là, Marie, moi, hébété,
je sens du creux du ventre,
j'entends, me traverser un cri,
je l'entend comme s'il montait
du fond des eaux! ..."

Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur, JM Barnaud, Cheyne

L'amour de Mitia - I. Bounine

Katia aime les arts, apprend le théâtre, et taquine souvent son fiancé sur sa rigueur. Car Mitia, étudiant en droit, est totalement étranger à ce monde bohème - pour tout dire, il le méprise. Et s'il savoure la présence de Katia, il est aussi dévoré par la jalousie dès qu'elle s'éloigne. Ivan Bounine analyse les réactions de Mitia avec beaucoup d'intelligence : le dégoût de la séduction possible de Katia par un autre homme, la haine qui se mêle à la jalousie, la dépression attisée par l'éclat du printemps. Un de mes livres favoris !

L'amour de Mitia, Ivan Bounine, Gallimard (L'Imaginaire)

vendredi 30 janvier 2009

Blankets - C. Thompson

Craig a une enfance houleuse : les coups à l'école, l'omniprésence de la morale chrétienne à la maison. Le dessin, que tout le monde s'accorde à réprouver, est son seul moyen de s'affirmer. Et puis : le premier amour. Raina, douce, sensible, devient sa porte de sortie, une parenthèse dans un monde trop violent et trop étroit pour lui. Un très beau récit autobiographique en noir et blanc, sur 600 pages très expressives.

Blankets, Craig Thompson, Casterman

jeudi 29 janvier 2009

Des créatures obstinées - A. Bender

Ouvrir ce livre, c'est plonger dans un monde résolument décalé. Chez Aimee Bender, des parents à tête de citrouilles donnent naissance à un fils à tête de fer à repasser. Une artisan fabrique la forme concrète des mots. Des bébés patates se choisissent une mère d'adoption. La touche fantastique est parfaitement intégré au récit, comme si de rien n'était : un principe qui laisse fortement penser à Cavino ou Buzzati. On a connu pires références ! Très imaginatif, très bien écrit : un livre parfait pour laisser le rationnel de côté.

Des créatures obstinées, Aimee Bender, L'Olivier