jeudi 26 février 2009

Le Mineur - Natsumé Sôseki

Ceci n'est pas un roman. Nous voici prévenus par cet étrange jeune homme sans nom, sans visage. Je l'imagine pâle et c'est là tout ce que mon esprit arrive à inventer à partir des propos de ce personnage. Il fuit Tokyo, il veut mourir. Il est cependant pris au piège par un maquignon qui le convainc de venir travailler à la mine où il gagnera beaucoup d'argent. Désemparé, il accepte et, après un voyage cauchemardesque, il descend tout au fond de la mine, touche du doigt la déchéance. Il croit mourir; qu'il reste dans ce cauchemar ou qu'il rentre à Tokyo, peu importe, car ceci n'est pas un roman.
Je vous livre en vrac les raisons pour lesquelles je vous conseille ce roman de toutes mes forces: précision chirurgicale de l'écriture, acuité des perceptions, finesse des analyses psychologiques, réflexion sur la littérature, sur le temps, sur la jeunesse...

Le Mineur, Natsume Sôseki, Livre de Poche.

lundi 2 février 2009

Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur - JM Barnaud

Quelque part sur la mer, le capitaine d'une goélette écrit à sa femme. Voici cinq de ses lettres, inspirées par l'attente du retour, les dangers, la sensualité de la mer, par les tourments nocturnes qui hantent parfois celui qui place sa confiance en l'océan... Ces lettres nous invitent également à une réflexion et un voyage intérieur, favorisés par la beauté et la force des images invoquées par le poète. Les illustrations de Laurence Jeannest nous aident à nous évader, à entrer dans une douce rêverie que l'on n'a guère envie de quitter.
D'un point de vue plus personnel, j'ai été particulièrement touchée par ces quelques lignes:

"Car les nuits
où cependant la brise est fidèle
et la mer sans ruse
- les claquements de toile,
l'eau contre la muraille,
les membrures
qui jouent dans la chambre
n'étant rien que la peau du monde
où s'abrite le silence -
ces nuits-là, Marie, moi, hébété,
je sens du creux du ventre,
j'entends, me traverser un cri,
je l'entend comme s'il montait
du fond des eaux! ..."

Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur, JM Barnaud, Cheyne

L'amour de Mitia - I. Bounine

Katia aime les arts, apprend le théâtre, et taquine souvent son fiancé sur sa rigueur. Car Mitia, étudiant en droit, est totalement étranger à ce monde bohème - pour tout dire, il le méprise. Et s'il savoure la présence de Katia, il est aussi dévoré par la jalousie dès qu'elle s'éloigne. Ivan Bounine analyse les réactions de Mitia avec beaucoup d'intelligence : le dégoût de la séduction possible de Katia par un autre homme, la haine qui se mêle à la jalousie, la dépression attisée par l'éclat du printemps. Un de mes livres favoris !

L'amour de Mitia, Ivan Bounine, Gallimard (L'Imaginaire)